Le polyptique de l’église de La Pommeraye

  • LE POLYPTIQUE DE L’ÉGLISE DE LA POMMERAYE

Voici la présentation donnée le 8 février 1997 par l’auteur, Bernard BOUIN, artiste-peintre né à LA POMMERAYE.
J’ai voulu travailler dans l’esprit des retables de la Renaissance en hommage à la peinture que j’aime, celle des primitifs italiens et flamands du XV ème siècle, plus particulièrement celle de Piero Della Francesca, Masaccio ou giotto.
J’ai proposé une représentation de trois scènes de la vie du Christ.
L’ANNONCIATION
le BAPTÊME
la RÉSURRECTION du Christ
et des PRÉDELLES représentant la table de l’Eucharistie.
(L’Annonciation, le Baptême et la Résurrection ont une taille de 340 X 195 cm et les prédelles de 97 X 195 cm)

J’ai alterné les pleins et les vides afin d’éviter une figuration trop lourde. Il m’est apparu intéressant de tenter l’expérience du sujet imposé par l’abbé Michel MESNARD, curé de la paroisse, en ce siècle où la peinture s’est crue libérée à la fois du sujet et de la forme. Je me suis engagé à suivre le texte sacré, mais avec le désir de garder mon écriture.

L’ANNONCIATION


Dans le premier panneau, l’ANNONCIATION, je suis resté fidèle à mon style, le lampadaire symbolisant dans ce travail particulier la main de Dieu la lumière structurant le triangle Dieu - Ange Messager - Marie. L’ange, dans un manteau contemporain, s’efface respectueusement
Au fond, un lampadaire éclaire le buisson (allusion au buisson ardent ?).


J’ai cherché à exprimer le bonheur grave de la femme qui apprend sa maternité prochaine : Je suis la servante du Seigneur. Qu’il advienne selon ta parole ! Luc 1 38.

LE BAPTÊME DE JÉSUS


Dans le BAPTÊME, j’ai voulu une représentation de l’ambiance douce de la Loire, le fleuve de mon enfance. Dans cette peinture, je pense faire descendre du ciel une grande cascade lumineuse vers le fleuve symbolisant le premier jour du monde, quand l’Esprit de Dieu planait sur les eaux pour les féconder. "J’ai vu l’Esprit descendre, tel une colombe venant du ciel et demeurant sur lui. Voici l’Agneau de Dieu". Jean 1 32-36. J’ai voulu une peinture naturaliste, presque impressionniste.

J’ai voulu réduire la représentation des personnages et je les ai inclus dans un espace utérin clos par les bancs de sable du fleuve. L’atmosphère se veut sereine, printanière, voulant célébrer la beauté mystérieuse du monde. Car si l’homme est une énigme, le monde lui-même est une énigme.

LA RÉSURRECTION

Dans la RÉSURRECTION, j’ai voulu traiter l’errance, thème que je reprends souvent dans mon travail avec celui de l’attente.


Les personnages forment un cercle allant des bras du Christ vers le personnage féminin debout en attente,

puis l’homme couché au pied du tombeau ( un s.d.f. ?) et les soldats à droite, se bouchant les oreilles. J’ai imaginé une atmosphère mi terrain vague, mi jardin, comme un cimetière lumineux.


La composition se fait autour de deux traits lumineux (celui des bras du Christ et la lumière du tombeau), eux-mêmes en relation avec la prédelle du dessous
Seul le personnage de gauche semble être dans le mystère, mais tous sont dans la scène, aveugles. Le Christ ressuscite seul, mais il a vaincu la mort " Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. Que votre coeur n’éprouve ni trouble ni frayeur !" Jean 14, 32 36.

LES PRÉDELLES

Dans les prédelles, j’ai voulu un travail plus dépouillé, plus silencieux.



Premier panneau : la lumière vient de la gauche, dans le noir, comme un espoir. C’est une Annonciation. "La lumière brille dans les ténèbres" Jean 1,5



Deuxième panneau au centre : C’est la Cène. "Je suis le pain vivant descendu du ciel". Jean 6, 51.JPEG



Troisième panneau, c’est la Résurrection. "Moi, la Lumière, je suis venu dans le monde" Jean 12, 46.
Autour de la table, lieu de convivialité et de vie, le Christ parle de sa mort annoncée. La vie et la mort sont toujours mélangées dans les Évangiles.
Est-ce une table recouverte d’une nappe
ou un linceul couvrant le tombeau ?

Dans ce polyptique de six panneaux,la lumière est la représentation de Dieu :
qu’elle soit lumière dans la nuit (Annonciation),
qu’elle soit lumière de plein jour, union du ciel et de l’au (Baptême)
ou Croix lumineuse d’un Golgotha aux premières lueurs de l’aube (Résurrection).

L’ART ET L’ÉVANGILE

Dans un tourbillon d’amour,
Marie, Marie, jeune vierge si pure et si belle,
Humblement, tu as dit "Oui" à l’archange Gabriel.
Ce "Oui" scintille, comme une gerbe d’étincelles ;
Il nous ouvre à jamais les portes du bonheur éternel.
Marie, à nous tes enfants, tu murmures
De dire "oui" à celui qui appelle ;
Et ce, jour après jour, à chaque aube nouvelle.

Jean, tu as baptisé Jésus dans le Jourdain.
Ton geste est pour et par nous vécu, renouvelé sans fin.
Que ce soit voilà deux mille ans ou demain
L’eau de la vie nouvelle ruisselle
Comme sur une place de sable fin.
Chaque baptisé, c’est "Jésus" qui lui prend la main,
Le guidant au fil des jours,
pour rayonner un monde plus humain.

Par le mystère de ta Résurrection
Jésus-Christ, tu as sublimé ta mission.
Après avoir été maltraité, battu, avec tant de dérision,
Pendant ces longues heures que dura ta passion,
Tu as surgi du tombeau. Pour les témoins, quelle stupéfaction !
Saurons-nous reconnaître ta grandeur,
Ô Christ, dans cette suprême exaltation ?
Oui, c’est de "Toi" que nous pouvons espérer
notre propre résurrection.

Ces trois moments forts, avec tant de talents représentés,
Sont sans doute, chaque jour, d’actualité.
Aujourd’hui, comme voilà deux mille ans,
c’est si important d’aimer,
D’aimer d’amour, d’aimer toujours, d’aimer sans compter.
Puisse cette oeuvre d’art qu’il nous est donné de contempler
être lumière pour tous ceux que, d’une façon ou d’une autre,
elle aura interpellés.